Une exceptionnelle peinture sur soie, datée de 1938, et une tête de jeune femme en terre cuite de 1939 seront proposées à la vente aux enchères de l’étude Farran ce dimanche 11 juin au Kiasma de Castelnau-le-Lez.

Silhouette callipyge à la posture alanguie baignant dans de douces couleurs. La peinture sur soie de Vu Cao Dam, baptisée Nu as-sis, irradie de beauté. Une des œuvres majeures de la vente aux enchères, Les Phares, organisée ce dimanche 11 juin dès 13 h 30 au Kiasma de Castelnau par les jeunes commissaires-priseurs montpelliérains Julie Le Brun et Jacques Farran. Le duo d'associés, dont l'étude est installée place de la Comédie, affiche une discrète fierté professionnelle au moment d'évoquer cette toile de l'artiste vietnamien Vu Cao Dam.
« Il a été rendu célèbre comme sculpteur de l'école des beaux-arts d'Hanoï co-fondée par le peintre Victor Tardieu au début des années 1930, résume Jacques Farran. Le Nu assis, « syncrétisme entre Orient et Occident » commente le commissaire priseur a été trouvé, voici quelques mois, lors d'un inventaire chez les descendants de l'ancien gouverneur d'Indochine, Albert Sarraut, à qui Vu Cao Dam avait fait cadeau de l'ouvre. Une œuvre réalisée à Paris où il s'était installé avant-guerre.
En 1946, le talent de Vu Cao Dam avait déjà éclaté à l'occasion d'une exposition dans une galerie parisienne. Le président Hô Chi Minh, admirera l'œuvre lors d'un séjour en France cette année-là. Plus tard, en 1949, Vu Cao Dam quitte Paris, pour des raisons de santé, et déménage à Béziers. Ses toiles prennent alors une tournure plus naturelle. Il décédera en 2000 à Nice à l'âge de 92 ans.

La Une de la Gazette Drouot « Nous avons redécouvert cette peinture sur soie à l'abri de la lumière pendant des décennies. Cela a permis une conservation exceptionnelle des couleurs. »
La qualité de l'œuvre a tapé dans l'œil de La Gazette Drouot, hebdomadaire spécialisé de référence sur les ventes, enchères publiques et sur le marché de l'art, qui en a récemment fait sa Une.
Et, belle surprise supplémentaire : lors du même inventaire a émergé des limbes une tête en terre cuite (Portrait de jeune femme, 1939), toujours de Vu Cao Dam. « Le talent de l'artiste explose littéralement avec ce travail sur lequel on distingue la trace de ses doigts pour modeler les détails », déroule Julie Le Brun. La tête se trouvait sur une cheminée et la toile était dans une pièce à l'abri de la lumière, sous un cadre poussiéreux. »

Estimation à 100 000 €
Les deux œuvres, respectivement estimés par les experts entre 60 000 à 100 000 € (pour la toile) et 30 000 à 50 000 € (pour la tête) ont vu leur authenticité confirmée par la fille de l'artiste.
Avec l'accord de leur futur acheteur - adiudicataire dans le vocabulaire des commissaires-priseurs - la toile et la tête seront ensuite montrées au Musée Cernuschi à Paris dans le cadre d'une exposition consacrée à trois peintres vietnamiens... au premier rang desquels Vu Cao Dam. Jacques Farran et Julie Le Brun ont même eu le plaisir de recevoir un courriel de la fille de l'artiste. « Elle nous a écrit de la tenir informée des suites de la vente. Elle dresse également le catalogue raisonné des œuvres de son père dans lequel le Nu assis et Portrait de jeune femme auront la place qu'ils méritent. »

> Vente dimanche 11 juin à 13 h 30 au Kiasma, 1 rue de la Crouzette à Castelnau-le-Lez. Exposition publique samedi 10 juin (10 h-18 h) et dimanche 11 juin (10 h-11 h).

Catalogue en ligne : www. farran-encheres.com

Signac, Dali, Dubout et... Cabu

DESSINS Au milieu des quelques 240 lots ou œuvres (peintures, sculptures, objets décoratifs, mobiliers, livres rares...) proposées à la vente par l'étude Farran ce dimanche 11 juin au Kiasma de Castelnau figurent quelques dessins, gouache et aquarelles d'artistes aux noms très connus. Citons d'abord Salvador Dali et L'échelle mystique, gouache, aquarelle, plume et encre sur papier, signée et datée à l'encre (1951). Une œuvre réalisée pour illustrer une édition de La divine comédie de Dante Alighieri. L'œuvre est estimée entre 20 000 et 30 000 €. Un dessin et une gravure sur bois en couleurs de Dali seront également proposés pour des estimations unitaires identiques : 300 à 500, €. Autre belles surprises que l'aquarelle de Paul Signac (Groix), 12 000 à 8 000 €, et le dessin à l'encre de chine de Jean-Jacques Sempé (Le petit Nicolas) 200 à 300 €. Citons encore une suite de trois dessins au feutre (deux signés) de Cabu en hommage à Sempé, Goscinny et au Petit Nicolas (200 à 300 €) ainsi que trois dessins du contemporain Zep avec son célèbre personnage Titeuf rendant hommage au Petit Nicolas (200 à 300 €) seront en vente. Et puis comment oublier Albert Dubout dont deux dessins à l'encre (Le pique-nique et Les chasseurs), projets d'illustrations pour la série Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol dans une édition de 1973 sont estimés, chacun, de 500 à 800 € ? Preuve, sans doute, que l'art peut être accessible aux passionnés sans que ceux-ci aient, forcément, à trop largement délier leurs bourses.

Têtes et table d'Alberto Giacometti

TROUVAILLE « C'est un très joli souvenir d'inventaire...»
Jacques Farran raconte avoir « vu, dans une pile de 150 tableaux d'une collection particulière montpelliéraine, une double page de la revue Critique de janvier-février 1947 encadrée avec des dessins au crayon dans les marges. Au dos figuraient les mots : ce dessin est de la main de Giacometti. Une mention de James Lord, biographe de Picasso. » Authentifiée par le Comité Giacometti en avril dernier - un certificat sera remis à l'acheteur - cette étonnante double page d'un texte de Georges Bataille si brillamment illustrée est estimée entre 7.000 et 10 000 €.


Par Frédéric Mayet